Le sel de la vie 4
Qui suis-« je » au-delà des définitions extérieures que l’on peut donner de moi, de l’apparence physique, du caractère donné dans les grandes lignes, des rapports entretenus avec autrui, des occupations professionnelles et personnelles, des liens familiaux et amicaux, de la réputation, des engagements, des réseaux d’appartenance, au-delà de ces définitions sans doute justes mais aussi construites et trompeuses ? Profondément « je ».
Et ce « je » qui est notre richesse est fait d’une ouverture au monde – d’une aptitude à observer, d’une empathie avec le vivant, d’une capacité à faire corps avec le réel.
« Je » n’est pas seulement celui qui pense et qui fait mais celui qui ressent et éprouve selon les lois d’une énergie souterraine sans cesse renouvelée. S’il était totalement dénué de curiosité, d’empathie, de désir, de la capacité de ressentir affliction et plaisir, que serait ce « je » qui par ailleurs pense, parle et agit?
J’ai voulu traquer l’imperceptible force qui nous meut et qui nous définit. Elle dépend naturellement de notre histoire de vie, mais elle n’est pas passéiste : elle est l’essence même et la justification, bien qu’ignorée, de toute action présente et à venir.
« Je » ne serait pas ce qu’il est si certains évènements ne s’étaient pas produits, qui ont canalisé sa vie mais aussi si « je » n’avait pas eu la possibilité de ressentir telle émotion, de vibrer à telle occasion, de faire telle expérience avec son corps.
Sachons reconnaitre non pas simplement une petite part ingénue d’enfance, mais ce grand terreau d’affects qui nous forge et continue sans cesse de nous forger, êtres sensibles que nous sommes.